a - L'observation

La lecture du livre d'Henri Peretz Les méthodologies en sociologie - L'observation, a non seulement confirmé notre préférence mais elle nous a aussi orientés dans la mise en œuvre.
Voilà brièvement ce que nous avons retenu de cet ouvrage : " au sens le plus étroit et le plus déterminé, l'observation consiste à se trouver présent et mêler à une situation sociale pour l'enregistrer et l'interpréter en s'efforçant de ne pas la modifier. Cette situation sociale est toujours le produit d'une interaction entre les participants eux-mêmes et, d'une façon ou d'une autre, entre les participants et l'observateur. L'objectif final de l'observation est de trouver une signification sociologique aux données recueillies, de les classer et de mesurer leur degré de généralité . L'observation directe consiste à être témoin de comportements sociaux d'individus ou de groupes dans les lieux mêmes de leurs activités sans en modifier le déroulement ordinaire. Elle est donc particulièrement féconde pour l'étude directe des milieux fortement institutionnalisés. Elle ne se limite pas aux données visibles et aux actes, elle n'est pas sourde aux propos émis par les individus au cours de leur action sociale. L'observation vise à connaître le fonctionnement ordinaire d'un milieu social ".
Avec ces apports théoriques, nous avons essayé d'organiser un plan d'observation qui soit en adéquation avec la singularité de notre sujet d'enquête. Un restaurant McDonald's est un lieu privé ouvert au public : l'entrée ne fait l'objet d'aucun signe distinctif, adultes ou enfants, petits ou grands, ouvriers ou cadres, tous peuvent librement accéder au restaurant McDonald's à la seule condition de consommer.
Les étudiants sont des consommateurs de hamburgers comme les autres, et en tant que tels, notre présence ne devait aucunement sembler inopportune. De plus, c'est un lieu où les entrées et sorties sont perpétuelles, ce qui crée un mouvement dans lequel il est facile de ne pas se faire remarquer.
Notre observation pourrait être qualifiée de pragmatique : nous sommes partis munis de notre carnet de notes, d'une règle, d'un mètre et d'un crayon comme un inspecteur qui veut contrôler l'organisation d'une entreprise : respect des règles de sécurité, de l'hygiène, bon fonctionnement des équipements, etc.
Il était nécessaire de se rendre au moins deux fois sur les lieux pour être sûr de ne rien omettre.

- Première visite : jeudi 18 février 1999 - entre 12 h 30 et 14 h 15
- Seconde visite : mercredi 3 mars 1999 - entre 12 h 00 et 13 h 00
- Troisième visite : mercredi 10 mars 1999 - entre 14h30 et 16h00 (anniversaire)

b - Les entretiens

D'abord pour compléter nos observations puis pour confronter nos résultats, il était indispensable d'avoir recours à des entretiens. Nous avons rencontré trois personnes :
- Entretien avec Guillaume Collet - Equipier au McDonald's de Comboire depuis trois ans.
- Entretien avec Chantal Pellin - Diplômée en diététique et diététicienne à Grenoble.
- Entretien avec Caroline Vacher - Assistante marketing chez McDonald's.


- Entretien avec Guillaume Collet

Nous voulions rencontrer une personne qui ait une connaissance concrète du fonctionnement d'un McDonald's et un contact direct avec la clientèle : l'employé McDonald's ou " équipier " était la personne qui répondait le mieux à nos attentes. Par chance, nous connaissions un étudiant de l'IUP qui travaillait au McDonald's de Comboire depuis déjà trois ans. Son expérience pouvait nous permettre d'obtenir des informations complémentaires. Lors de nos observations, nous avons essayé d'être attentifs aussi bien au comportement des enfants qu'à l'attitude des employés du restaurant. Cependant, certaines données ont pu nous échapper comme ce qui est imposé aux caissiers et aux hôtes.
Il n'y a eu aucun problème pour le rencontrer. Nous avons fixé la date du lundi 15 mars 1999 à 16h00.
Le fait de connaître cette personne a certainement contribué à faciliter les conditions de l'entretien. C'était aussi une opportunité d'avoir des informations "non officielles" sur la société.
Cet entretien a sans doute été le moins directif : plus comme une discussion. Nous avons réutilisé nos notes sous forme d'un compte-rendu mis en relief par des citations.

- Entretien avec Chantal Pellin

En ce qui concerne la nourriture, nous n'étions pas qualifiés pour analyser les données recueillies. Nous avions donc besoin des services d'une diététicienne pour comprendre et analyser les chiffres obtenus (calories, quantité de matière grasse, de sucre...). C'est pourquoi nous avons pris un rendez-vous afin qu'elle nous renseigne sur la diététique et nous fournisse des éléments de réponse quant à l'apport nutritif du menu.
Il y a environ cinq cabinets de diététiciens à Grenoble. Le choix effectué dans les pages jaunes a été rapide. Le nom de Chantal Pellin était le seul à faire figurer la mention " diplôme en diététique ". Nous avons donc pris contact avec elle et obtenu immédiatement un rendez-vous pour le week-end suivant, le samedi 6 mars 1999 à 8h00. Bien qu'ayant l'esprit préoccupé par des problèmes d'ordre personnel, Chantal Pellin s'est montrée très accueillante. Elle avait sorti son " dossier McDonald's ". En tant que diététicienne, elle a eu l'occasion de participer à des colloques alimentaires organisés par la firme McDonald's. Elle a accepté d'être enregistrée. L'entretien a duré environ une heure. Les questions étaient très libres. En effet, nous demandions avant tout des méthodes et des conseils pour analyser les données que nous avions collectées. Par la suite, à la question de savoir si le menu Happy Meal était adapté aux enfants, elle a répondu, nous semble-t-il, très objectivement. Elle a toujours répondu à nos questions en prenant le temps de nous expliquer les points sombres. L'entretien s'est terminé par un échange de documents. Nous en avions certains qu'elle ne possédait pas et réciproquement. De plus, elle nous a dit de ne pas hésiter à la rappeler en cas de problème. L'entretien était donc très détendu et nous a permis d'éclaircir de nombreux points.

- Entretien avec Caroline Vacher

Nous avons d'abord essayé d'obtenir un rendez-vous avec Monsieur Quezel, responsable du McDonald's de Comboire, restaurant que nous avions choisi plus particulièrement d'observer. Alors que nous avions fixé la date du 26 mars 1999 à 15h00, ce dernier nous a recontacté pour annuler. Il devait finalement s'absenter ce jour là pour participer à un congrès. Il a aussi précisé qu'une prochaine rencontre serait difficile à organiser compte tenu de ses obligations. Les tentatives de le contacter de nouveau ont toutes été des échecs.
Nous avons interprété ces refus comme la volonté de ne pas entretenir des étudiants sur le fonctionnement de la société. Il ne souhaitait peut-être pas être soumis à nos questions.
Le McDonald's de Saint-Martin d'Hères a aménagé un nouveau Ronald Land au mois de février. Leur objectif était de maintenir et de développer une clientèle familiale. L'aménagement de ce restaurant est donc désormais assez proche de celui de Comboire. Ainsi nous avons pensé qu'il serait tout de même intéressant d'avoir le point de vue du responsable local. En plein inventaire, il était impossible d'organiser un entretien avec lui. Cependant, il nous a mis en contact avec une assistante marketing qui travaille en collaboration avec lui. Le rendez-vous a enfin été fixé au mercredi 1 avril à 9h30. Il faut préciser qu'elle a accepté de nous rencontrer à la seule condition de ne pas être enregistrée. Notre promesse fut tenue.
L'entretien directif nous a semblé le plus adapté dans ce cas. En effet, étant donné que nous voulions lui soumettre nos observations, il était primordial que nous menions la discussion. Elle devait nous apporter des éléments précis concernant l'organisation d'un restaurant et l'attention particulière portée aux enfants.