a - Le mobilier de restauration

Nous nous intéresserons uniquement au mobilier de restauration de la salle principale et du Ronald Land qui sont identiques. L'espace anniversaire sera étudié ultérieurement du fait de sa spécificité.
Incontestablement, les équipements de restauration ne sont pas adaptés aux enfants même si ceux-ci les utilisent au même titre que les adultes .

Les chaises : Elles mesurent 47 cm (hauteur assise).
Selon les nouvelles normes françaises X PD 60.602, fixées par le ministère de l'Industrie et en vigueur depuis janvier 1999, ce type de chaises s'adresse à un public mesurant entre 1m60 et 1m90. Pour être adaptées aux enfants de moins d'1m35, il faudrait des chaises d'une hauteur assise de 31cm, comme c'est le cas dans les écoles primaires.

Les tables : Elles mesurent 75 cm (hauteur plateau).
Toujours selon les mêmes normes, ces tables sont adaptées aux individus de 1m60 à 1m90. Pour les enfants, de moins d'1m35 la hauteur plateau devrait être de 54 cm.

Les chaises comme les tables de la salle de restauration ont des angles arrondis évitant à l'enfant de se blesser gravement. Cependant et curieusement les tables du Ronald Land ne suivent pas cette logique. Les coins de table sont beaucoup moins arrondis, quant aux pieds, ils nous sont apparus plus dangereux.
On constate que l'espace de restauration situé au pied de la structure à grimper est occupé quasi systématiquement par les parents et non par les enfants. Cet espace possède de nombreuses similitudes avec un théâtre : les parents mangent en regardant leurs enfants jouer. L'aspect convivial mis en avant par la publicité, ne se retrouve pas tel quel dans la réalité : les parents et les enfants ne passent que très peu de temps ensemble. Peut-on alors dire que McDonald's est un lieu privilégié pour se retrouver en famille ?

Les chaises hautes : Au nombre de sept, elles semblent robustes par leur structure en bois mais le confort de l'enfant paraît écarté. Pour évaluer la stabilité cet équipement, il faudrait exercer une pression de 45 kg sur l'un des bords ou encore un choc frontal de 10 Nm. ( norme NF D 61-050 et NF D 62-05. D'après CAMIF. Le guide des services CAMIF collectivités, 08/1998. pp360.)
En terme de confort, on peut se demander combien de temps un enfant de moins d'un an peut rester assis sur du bois ? McDonald's n'incite-t-il pas indirectement au " turn over " de sa clientèle : si l'enfant n'est pas à l'aise, il va manifester son mécontentement d'une façon ou d'une autre et amener ses parents à quitter le restaurant le plus rapidement possible.


b - L'accès au repas et autres services

L'enfant a-t-il besoin d'être accompagné d'un adulte pour pouvoir manger et même jouer chez McDonald's ? Même si en théorie l'enfant peut passer seul sa commande (voir publicité " voiture télécommandée " analysée plus haut), la réalité est quelque peu différente : d'après nos observations jamais un enfant de moins de 8 ans n'est entré seul dans le McDonald's de Comboire. En revanche, certaines actions, comme la commande du dessert ou encore l'accès aux serviettes et aux pailles, sont parfois laissées à l'initiative de l'enfant.
Après avoir observé plusieurs enfants et pris des mesures, nous avons pu répertorier différents obstacles. Ceux-ci sont présentés ci-dessous en fonction de la progression de l'enfant dans l'espace McDonald's .

Premier obstacle : la porte d'entrée.
L'enfant a, dans un premier temps essayé, d'ouvrir seul la porte d'entrée principale. Mais devant la " résistance " de celle-ci, l'intervention des parents s'avérait nécessaire.

Deuxième obstacle : le comptoir.
L'enfant a pris place dans la file d'attente avec ses parents. Face au comptoir de 1m10 surmonté d'une vitrine garnie de cookies, il était difficilement visible par l'équipier McDonald's chargé de prendre la commande. Finalement, ce sont les parents qui ont commandé le fameux Happy Meal. Cependant, si l'enfant se manifeste pour passer une commande, nous avons observé que l'équipier s'adresse directement à celui-ci. D'ailleurs dans un document interne qui définit le " profil de l'équipier ", il est précisé que ce dernier " ne doit pas oublier de traiter les enfants comme des adultes " sans faire de " vente subjective ". Même si la commande se fait rarement par les enfants, nous avons pu noter qu'ils participaient en portant eux-mêmes leur Happy Meal. L'anse en carton de la boîte permet de transporter aisément leur repas. McDonald's laisse ainsi à l'enfant l'impression qu'il participe à la commande : le repas devient un jeu. Il en va de même avec les pailles et les serviettes.

Troisième obstacle : la poubelle.
Le repas terminé, il s'agit de débarrasser. Un acte de responsabilisation pour l'enfant qui se heurte cette fois-ci à l'accès difficile à la poubelle. A 80 cm du sol, vider son plateau devient un exercice d'équilibriste pour les plus petits. L'aide d'un adulte est une fois de plus la bienvenue.

Quatrième obstacle : les toilettes.
La signalisation, facilement compréhensible par les enfants, laissait envisager un aménagement adapté à leur besoin. Mais à l'intérieur, les lieux ne disposent pas d'un espace facilement accessible. Cuvettes de taille normale, lavabos élevés (1m10)... l'enfant n'est plus le roi chez McDonald's. L'accès au savon est un autre exemple frappant : la mère de l'enfant est obligée de le porter pour qu'il puisse se laver les mains.

Bien que non utilisé dans cette étude de cas, nous avons aussi observé la table à langer les bébés. Située dans le hall des toilettes, face aux lavabos, la table à langer se confine dans un petit espace et gène l'accès à l'un des sanitaires quand elle est dépliée. En plastique et sans renfort de mousse, la table garantit une certaine qualité d'hygiène mais offre peu de confort pour l'enfant.


c - L'espace de jeux

A Comboire, l'espace jeux du Ronald Land est nettement séparé du reste du restaurant. Pour y accéder, il faut sortir de la salle principale (où a été prise la commande) et passer par l'extérieur.
La structure à grimper est couverte de filets de protection et les éléments métalliques sont recouverts de mousse pour éviter les chocs importants. La surface d'arrivée des toboggans est équipée d'un tapis qui protège du carrelage. Une notice de sécurité, affichée sur la structure, spécifie clairement que l'accès aux jeux est réservé aux enfants de moins de 8 ans. Par ailleurs, les vêtements à lacets, les lunettes et les chaussures sont interdits par mesure d'hygiène et surtout de sécurité. De plus, le McDonald's se décharge de toute responsabilité. Il est précisé que les enfants doivent être sous surveillance parentale et non du personnel.

Cet équipement, composé d'une structure à grimper, d'une piscine à boules et de deux toboggans, doit se conformer à des normes spécifiques. Les principaux critères de sécurité relèvent du décret n°89 662 du 12 septembre 1989 fixé par le ministère de l'Industrie. Ces jeux doivent éviter les risques d'accrochage, de coincement de tête, de doigts. Dès lors que la structure dépasse 60 cm, il est obligatoire d'installer des tapis à l'extérieur et l'intérieur de la structure ainsi que sur la surface de réception des toboggans.

L'espace jeux respecte les normes de sécurité fixées par le ministère de l'Industrie. Pourtant certains détails ont retenu notre attention : seul une petite partie du Ronald Land est recouverte de tapis de protection. La surface carrelée nous semble démesurée dans un lieu qui se veut adapté aux enfants. Avantageux sur le plan de l'hygiène et de l'entretien, ce revêtement l'est nettement moins pour le confort et la sécurité des plus jeunes.

Comme nous venons de le voir dans cette partie, l'accompagnement de l'enfant par un adulte semble s'imposer. Nos observations nous ont amenés à constater qu'un enfant rencontre des difficultés à utiliser les équipements McDonald's. Même si l'espace jeux du Ronald Land répond aux normes de sécurité pour les enfants, le reste des équipements (sauf les chaises hautes et la table à langer ) sont destinés à l'usage d'un public de plus de 1m35. Les enfants se voient ainsi écartés des principales activités en rapport avec la nourriture : commande, mobilier de restauration, poubelles etc. Seule une mince participation leur est laissée. Les parents deviennent, quant à eux, de simples agents économiques et d'accompagnement pour l'enfant qui délaisse la nourriture au profit du jeu.