1
- Existe - t- il un champ sonore ?
La notion de caméra subjective n'a de
sens que si un champ sonore existe. Le son se diffuse
dans tout l'espace qui lui est offert. Donc il n'y a,
à vrai dire, pas de champ sonore. Le couple de réalisateur
Straub et Huillet ont travaillé sur le champ sonore,
et notamment dans Trop tôt trop tard où
ils ont filmé des espaces avec le son de celui-ci.
La première sensation que nous avons et que le son
ne correspond pas aux images. Le son se trouve plus
ou moins riche mais n'arrive pas à "cadrer"
le même espace que la caméra, l'il
recherchant dans l'image l'origine et la cause du son
Nous allons, malgré tout se poser la question de l'espace
sonore subjectif, et si c'est l'image qui fait
percevoir le son comme subjectif ?
2
- Un champ sonore subjectif.
Au cinéma quelques réalisateurs ont
travaillé le son subjectif. Le premier film parlant
anglais d'A.Hitchcock, Blackmail (1930), essaye, dans
une séquence, de transcrire l'obsession du
personnage pour le mot "knife". Une femme,
ayant tué un homme avec un couteau, a peur de se
faire arrêter. Pour ce faire, A.Hitchcock, dans le
son, fait ressortir le mot "Knife" des dialogues,
jusqu'à entendre que ce mot créant ainsi une
obsession du personnage. Ce procédé nous fait
percevoir le son comme un son mental.
Ce même procédé a été utilisé dans Shine
de S.Hicks. Peter (Armin Mueller-Stahl), musicien de
talents, s'attaque à The Rach. 3 de Rachmaninoff.
Durant le concert, le personnage intériorise la
musique au point que pendant quelques secondes, nous
n'entendons que le bruit des touches de piano. La
question que nous nous posons alors et que si le film
était amputé de l'image nous comprendrons que nous
entendons des bruits de touche de piano. La bande
originale du film permet d'en faire l'expérience.
Une fois amputer de l'image, le son paraît se
complexifier, mais matérialiser le musicien à
travers les notes de piano semble difficilement
perceptible.
Dans le TP sur la profondeur de champ, nous avons, également,
utilisé ce procédé pour appuyer l'angoisse du
personnage. Le personnage perçoit le son ambiant
comme ralenti, distordu créant ainsi son isolement
dans un lieu qui lui paraît hostile.
La caméra
subjective comme représentation spatiale du
regard humain nous plonge dans un monde imaginaire où
la conscience reflète la vision et le mental d'un
personnage transcendant ainsi la représentation de
ce monde.