La caméra
subjective représente les yeux du personnage,
on a donc par ce procédé son interprétation du
monde qui changera ou évoluera selon son affect et
sa conscience.
Dans la
littérature, la caméra subjective a son équivalent
avec l'emploi du " je ". Car le lecteur ne
va pas s'identifier au personnage de la même façon
que ce soit écrit à la première ou à la troisième
personne . Nous savons que lorsque nous lisons un
livre nous nous projetons intérieurement des images.
Un livre écrit a la troisième personne fait penser,
dans le cinéma, à la caméra " objective
", c'est à dire que nous suivons l'aventure du
héros sans forcément s'identifier à lui. Lorsque
le livre est écrit à la première personne, le
lecteur va s'identifier aux personnages, il va vivre
intérieurement ce que vit son héros. L'exemple le
meilleur, est le journal intime, le narrateur est le
héros, il va nous emmener dans son monde, sa vie,
ses pensées intérieures, comme un sorte de voyage
initiatique dans la peau du personnage. Ainsi on peut
connaître le personnage dans ce qu'il a de plus
intime : son "soi profond ".
Par
exemple,
dans Le journal d'un fou de Gogol, le
narrateur écrit son journal intime, il nous fait
entrer dans sa folie, nous dévoile le monde comme il
le voit : un monde totalement décalé, enlevé de
toute réalité.
Mais la caméra subjective peut
symboliser aussi le regard du " MAL " sans
pour autant que le spectateur ne le voit, ce qui
permet de montrer l'enfermement. Le spectateur
ressent, grâce au procédé de la caméra subjective,
une montée de pression et une sensation d'impuissance,
par le fait qu'il ne peut intervenir. On a la
sensation que le mal est partout, qu'il traque le
personnage sans échappatoire.
Il y a
aussi
la caméra subjective qui représente les yeux du
personnage au moment de sa montée d'angoisse. Par
exemple dans Le Projet Blair Witch . Quasiment la
totalité du film est en caméra subjective, ce qui
fait que le spectateur voit autant que le personnage,
c'est a dire qu'il ne voit rien, et amène son
angoisse par les images qu'il se crée en les intériorisant.
Ainsi le réalisateur manipule le spectateur, car ce
dernier prend ce regard subjectif (humanisé),
anticipe et crée ses propres images, ce qui l'amène
a provoqué son propre stress.
Le réalisateur
fait référence
a un bagage culturel du spectateur, donc il sait
comment provoquer son angoisse. Il va la chercher et
la développer. A ce moment là, lorsque le réalisateur
intervient dans la manipulation de l'esprit du
spectateur, la caméra subjective déshumanise alors
le regard.
L'exemple du Projet Blair Witch
peut s'étendre à tous les films de suspense, d'horreur,
etc. Il y a humanisation de la caméra, lorsqu'elle
est conscience, c'est à dire qu'elle représente les
" yeux " d'un personnage ou qu'elle représente
autre chose (comme le " mal ", le "
voyeur "). Mais elle est déshumanisée, lorsque
le personnage sort du " subjectif ", c'est
à dire lorsqu'on le voit dans ce cas, la caméra
subjective devient objective, mais aussi dans le cas
ou, comme nous l'avons vu plus haut, le réalisateur
intervient dans la manipulation de l'esprit du
spectateur.