La durée est l'essence psychique
selon Bergson. Elle est donc la forme sous laquelle l'intuition
perçoit la vie intérieure : l'esprit est durée et
même il n'est que durée. La vie intérieure est une
expérience privilégiée de la durée, car la durée
interne, plus manifestement que toute les autre, se
présente et se vie comme un courant irréversible,
continue et constamment modificateur de lui-même. La
durée pure est " l'étoffe même " de la
vie psychologique. Par suite, c'est dans cette durée
individuelle et concrète que réside le secret de la
personnalité et de la liberté. Au cinéma c'est la
caméra subjective qui nous permet de percer ce
secret. Car on rentre dans sa vision du monde, il
nous amène son propre temps et suivant ses antécédents,
ses peurs, ses joies, ses secrets, son monde à lui
sera différent.
Bergson fait une distinction entre
deux " Moi " : le MOI superficiel et le MOI
profond. Le premier est le plus courant : c'est celui
d'une vie tournée essentiellement vers la pratique :
pour coller au monde extérieur nous nous éloignons
de nous-même. Le second, est un devenir original
dont le changement incessant et imprévisible fait la
singularité et le caractère continu : l'identité,
la personnalité.
La
personnalité ainsi entendue définit précisément
et complètement chacun de nous, car elle est, tout
à la fois, la source, le lien, l'ensemble et la
qualité particulière de nos changements. Elle est
aussi ce qu'il y a de plus libre. Personnalité et
liberté sont en effet comme les deux faces d'une même
réalité dont l'une met en valeur la continuité et
l'autre, l'imprévisibilité. Pour Bergson, l'acte
libre ne résulte pas d'un choix indifférent, il est
, au contraire, l'acte le plus significatif : l'expression
du " moi " tout entier . Pour autant, il n'obéit
pas à un déterminisme rationnel ou affectif, il se
rattache à ses antécédents sans s'y réduire : c'est
une création de soi par soi. L'expérience comme durée
résout l'énigme de la liberté et révèle qu'elle
est inséparable de la vie profonde de l'esprit.
La caméra
subjective nous permet de rentrer dans les pensées
du personnage, dans ses rêves, ou ses fantasmes. Par
exemple dans My Own Private Idaho , le personnage
principal a une maladie qui l'oblige à dormir tout
le temps. Pendant ces moments là, grâce à la caméra
subjective, on peut pénétrer dans son univers,
connaître le monde dans lequel il rentre pendant ses
absences, savoir à quoi il pense pendant qu'il fait
l'amour