Définition 4 - Exemples   vision générale   C - Caméra subjective : une belle oxymore.
 
B - La caméra subjective

1 - Caméra subjective et vision.
Dans les tableaux précédents, nous voyons que nous n'avons pas toujours affaire à ce que nous appelons "caméra subjective ". Pour Tomb Raider, nous admettons qu'il y en a une. En revanche, la caméra dans le cas du plan d'A bout de Souffle paraît plus ambiguë mais pourrait correspondre à une caméra subjective du spectateur. Enfin, la série Ali McBeal, ne montre pas de caméra subjective car il s'agit toujours de vues dans lesquelles le personnage d'Ali est inclus. Ainsi, nous définissons la caméra subjective comme étant la vision d'un actant. Cependant, le mot "subjective " contient aussi "perception " et "jugement ". Or, il est communément admis que lorsqu'il y a vision d'un personnage, il y a caméra subjective sans tenir compte s'il y a perception ou jugement de personnage. En fait, le terme "subjectif " renvoie au personnage en tant que corps physique dans un espace et non à une représentation subjective du monde du personnage. Ainsi, nous parlerons de "caméra subjective " ou de "vision subjective " comme étant la vision vue des yeux du personnage, les deux expressions étant équivalentes. Nous verrons par la suite pourquoi il n'y a aucun problème à confondre ses deux termes. La perception et le jugement étant par essence subjectifs, puisque se rapportant à des affects et des expériences vécues, il n'y a pas d'ambiguïté. Nous parlons bien de la perception de celui-là ou du jugement de celui-ci.

1 - Caméra subjective et plan subjectif.
Partons du principe que le mot subjectif renvoie à ce que voit un personnage. Le mot caméra renvoie à l'élément physique de prise de vues lors d'un tournage. La caméra a donc une place, des coordonnées dans un espace réel de tournage. Elle implique par ailleurs un temps réel et physique. De plus, la caméra est un appareil de prise de vue. C'est-à-dire qu'est imprimée sur la pellicule la vision vue depuis la caméra. En cela, la caméra est un point de vision et non de perception ou de jugement. Il n'y a pas de caméra subjective dans le sens où elle ajoute un effect. On entend caméra subjective comme étant associé à un personnage. Quand nous parlons de caméra subjective en voyant un film, donc une suite de plan, nous faisons alors référence à une vision, donc à un espace filmique et donc à la place du personnage-caméra dans cet espace.
Nous parlerons de plan subjectif quand la vision du personnage est comprise comme telle grâce à une dialectique de montage, indépendamment des références internes propres à la caméra subjective (hauteur, angle de champ, traitement). Si caméra subjective correspond à une prise de vue, et existe donc en elle-même, le plan subjectif n'existe que par opposition aux autres plans. Le plan subjectif est une notion de montage et de récit, tandis que la caméra subjective est une notion d'histoire et de personnage dans un espace fictionnel. Ainsi, il peut y avoir caméra subjective sans plan subjectif et réciproquement. Prenons comme exemple la succession de plan suivant : un gros plan sur les yeux d'un personnage, un plan fixe d'un bateau. Il y a bien ici existence d'un plan subjectif sans caméra subjective. En effet, le plan subjectif du bateau est introduit dialectique par le plan précédant des yeux du personnage. En revanche, le plan du bateau, ne fait pas particulièrement référence à l'existence d'une caméra subjective si rien de particulier ne lui est appliqué. D'autre part, il peut très bien avoir eu au tournage une prise de caméra subjective dont le plan n'est pas compris comme subjectif lors du montage.
Ainsi, parler de l'un ou de l'autre implique des espaces et des temps différents, ce dont nous étudierons par la suite.

 

        4 - Exemples   vision générale   C - Caméra subjective : une belle oxymore.