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- Caméra subjective et vision.
Dans
les tableaux précédents, nous voyons
que nous n'avons pas toujours affaire à ce que nous
appelons "caméra subjective ". Pour Tomb
Raider, nous admettons qu'il y en a une. En revanche,
la caméra dans le cas du plan d'A bout de Souffle
paraît plus ambiguë mais pourrait correspondre à
une caméra subjective du spectateur. Enfin, la série
Ali McBeal, ne montre pas de caméra subjective car
il s'agit toujours de vues dans lesquelles le
personnage d'Ali est inclus. Ainsi, nous définissons
la caméra subjective comme étant la vision d'un
actant. Cependant, le mot "subjective "
contient aussi "perception " et "jugement
". Or, il est communément admis que lorsqu'il y
a vision d'un personnage, il y a caméra subjective
sans tenir compte s'il y a perception ou jugement de
personnage. En fait, le terme "subjectif "
renvoie au personnage en tant que corps physique dans
un espace et non à une représentation subjective du
monde du personnage. Ainsi, nous parlerons de "caméra
subjective " ou de "vision subjective
" comme étant la vision vue des yeux du
personnage, les deux expressions étant équivalentes.
Nous verrons par la suite pourquoi il n'y a aucun
problème à confondre ses deux termes. La perception
et le jugement étant par essence subjectifs, puisque
se rapportant à des affects et des expériences vécues,
il n'y a pas d'ambiguïté. Nous parlons bien de la
perception de celui-là ou du jugement de celui-ci.
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- Caméra subjective et plan subjectif.
Partons du principe
que le mot subjectif renvoie à ce que voit un
personnage. Le mot caméra renvoie à l'élément
physique de prise de vues lors d'un tournage. La caméra
a donc une place, des coordonnées dans un espace réel
de tournage. Elle implique par ailleurs un temps réel
et physique. De plus, la caméra est un appareil de
prise de vue. C'est-à-dire qu'est imprimée sur la
pellicule la vision vue depuis la caméra. En cela,
la caméra est un point de vision et non de
perception ou de jugement. Il n'y a pas de caméra
subjective dans le sens où elle ajoute un effect. On
entend caméra subjective comme étant associé à un
personnage. Quand nous parlons de caméra subjective
en voyant un film, donc une suite de plan, nous
faisons alors référence à une vision, donc à un
espace filmique et donc à la place du personnage-caméra
dans cet espace.
Nous
parlerons de plan subjectif quand la
vision du personnage est comprise comme telle grâce
à une dialectique de montage, indépendamment des références
internes propres à la caméra subjective (hauteur,
angle de champ, traitement). Si caméra subjective
correspond à une prise de vue, et existe donc en
elle-même, le plan subjectif n'existe que par
opposition aux autres plans. Le plan subjectif est
une notion de montage et de récit, tandis que la caméra
subjective est une notion d'histoire et de personnage
dans un espace fictionnel. Ainsi, il peut y avoir caméra
subjective sans plan subjectif et réciproquement.
Prenons comme exemple la succession de plan suivant :
un gros plan sur les yeux d'un personnage, un plan
fixe d'un bateau. Il y a bien ici existence d'un plan
subjectif sans caméra subjective. En effet, le plan
subjectif du bateau est introduit dialectique par le
plan précédant des yeux du personnage. En revanche,
le plan du bateau, ne fait pas particulièrement référence
à l'existence d'une caméra subjective si rien de
particulier ne lui est appliqué. D'autre part, il
peut très bien avoir eu au tournage une prise de caméra
subjective dont le plan n'est pas compris comme
subjectif lors du montage.
Ainsi, parler de l'un
ou de l'autre implique des espaces et des temps différents,
ce dont nous étudierons par la suite.